L'expresso du 16 juin

Publié le par Webmaster

Succès de la Nuit des écoles

Nous avons dormi avec les instits et les parents. L'initiative a réussi à créer l'évènement. Objectif atteint : En moins de 10 jours ce sont au moins 700 écoles qui se sont inscrites - « 70 selon le Ministère, 7000 selon les organisateurs » affiche avec humour le blog du mouvement. Partie de Loire-Atlantique, la "Nuit des écoles" a été plébiscitée dans près de 60 départements. 

 

Avec les envoyées du Café, suivez le récit de cette nuit pas comme les autres à Nantes et à Fontenay en banlieue parisienne. Vendredi 13 juin, pour la soirée, parfois jusque tard dans la nuit,  parents et enseignants se sont retrouvés pour partager un moment convivial, « citoyen ».

 

Le mouvement n'entend pas s'arrêter là. Il invite à nouveau parents et instits à participer à "L'école est finie ?" et à occuper les écoles le 28 juin.  "L'école est finie ?", c'est une matinée où les écoles vont s'ouvrir aux parents, élus, artistes, journalistes... afin de leur montrer la réalité de l'enseignement en France aujourd'hui (loin des clichés et des stéréotypes) et ainsi mieux faire partager leurs inquiétudes pour l'avenir; une matinée pour partager un moment culturel agréable (pièce de théâtre, petit concert acoustique, lecture offerte par un écrivain...); une matinée  conviviale et citoyenne pour débattre ensemble de l'avenir de l'école; une matinée pour montrer que de nombreuses écoles en France se mobilisent pour l'avenir de l'école; une matinée pour (continuer) d'informer sur les dangers (et vices cachés! ) des mesures Darcos". Sans nul doute un nouveau moment fort se prépare.

Lisez le reportage du Café à Nantes et Fontenay

Le blog de L'école est finie


 

A Fontenay-sous-Bois, la soirée des écoles   

Par Françoise Solliec

 

A Fontenay-sous-Bois (94), les parents, les enseignants et les élèves des différents établissements et écoles n’étaient pas conviés à aller dormir à l’école, mais à passer une soirée animée et à pique-niquer sur le parvis de la mairie. Une rencontre conviviale et chargée de signification militante pour l’ensemble des participants.

 

 

Avec banderoles, sifflets ou autres instruments, ils arrivent par petits groupes des différents établissements et écoles où s’effectuaient les rassemblements de départ, avant de rejoindre le parvis de la mairie. Vers 20 h, ce vendredi 13 juin, près de 200 personnes sont venues « montrer qu’ils sont là pour défendre le service public d’éducation », selon l’expression d’un parent. Les adultes, moitié parents, moitié enseignants, discutent, les enfants jouent, le soleil et un groupe musical viennent contribuer à l’atmosphère festive de ce rassemblement, organisé par la FCPE locale, avec le soutien affirmé de la mairie.

 

Sur les pancartes s’exprime le refus de la politique du ministre actuel et la solidarité parents enseignants. Qu’il s’agisse des suppressions de postes, de la réforme des programmes, de l’avenir du lycée professionnel, des 2 heures supprimées à l’école primaire, c’est toute une gamme de mesures qui est en cause, parce qu’elle inquiète et apparaît comme le signe d’un désengagement de l’Etat et d’un affaiblissement du service public, malgré les affirmations du gouvernement. 

 


Sur les tables, c’est la signature d’une pétition qui est proposée en guise d’apéritif avant le repas. Elle aussi reprend les différents mots d’ordre liés à cette action depuis quelques semaines : rejet des programmes du primaire, demande de garantie du maintien des RASED, refus des emplois précaires, etc. Pour le second degré, ce sont les suppressions d’emplois, le Bac pro 3 ans et la demande d’abaissement des effectifs qui sont mentionnés. La FCPE locale se chargera de collecter les signantures et de les transmettre aux différentes autorités.

 


Pourquoi avoir choisi cette forme d’action ? Quelques parents et enseignants expliquent qu’ils pensaient que la présence dans les écoles serait très faible et que ce serait beaucoup plus intéressant et significatif de convier toutes les personnes intéressées à se manifester devant la mairie. L’opération a été bien préparée en termes de communication, tous les établissements ont été informés par tracts, avec parfois des rencontres spécifiques, et beaucoup sont effectivement représentés ce soir, de l’école maternelle au lycée professionnel.

 


Qu’attendent les participants à cette soirée ? « Pas grand-chose en termes de résultats immédiats », déclarent nos interlocuteurs, « mais c’est important de montrer qu’on est là ce soir et qu’on participe à une opération nationale dont on parle finalement beaucoup dans les journaux ».

 


Pari réussi pour la Nuit des écoles 

L'initiative a réussi à créer l'évènement. Objectif atteint : En moins de 10 jours ce sont près de 700 écoles qui se sont inscrites - « 70 selon le Ministère, 7000 selon les organisateurs » affiche avec humour le blog, probablement un peu plus puisque plusieurs écoles se sont encore inscrites au cours de la soirée, et  que durant le week-end arrivent au webmaster des photos d'écoles qui n'étaient pas encore connues. Pour la soirée, parfois jusque tard dans la nuit,  parents et enseignants se sont retrouvés pour partager un moment convivial, « citoyen ».

Partie de Loire-Atlantique, elle est plébiscitée :c'est le département qui recueille le plus d'inscriptions : plus de 200 ! Mais on note quand même une mobilisation loin d'être négligeable dans le département voisin du Maine-et-Loire (qui l'avait inaugurée en avant-première fin mai à Angers), en région parisienne, et la participation des DOM-TOM.

Consulter le blog de La nuit des écoles et voir les photos :

http://nuit.des.ecoles.over-blog.com/


Rencontre avec quelques participants sur Nantes et sa périphérie :

Une « nuit des écoles » particulière sur Nantes, parce qu'elle aurait bien pu finir en « nuit du commissariat ». Suite à l'occupation de l'Inspection Académique le mercredi 11 où un policier a été blessé (fracture du doigt), un enseignant est convoqué à 9h pour être confronté aux déclarations des « témoins spontanés ». Placé en garde à vue, il y est resté plus de 6h. durant lesquelles toute la journée les soutiens n'ont cessé de se relayer afin d'exiger sa libération. Parents, enseignants, conseillers pédagogiques, étudiants IUFM, élus, citoyens, voisins sortis sur leur balcon et solidaires déterminés à rester ici jusqu'à ce qu'il sorte, prêts à retourner dans leurs écoles et amener tout le monde dans la soirée sur place si besoin. Finalement Sami sort à 15h30, soulagement de courte durée quand on apprend qu'il passera en correctionnelle le 23 février 2009. A 16h. les manifestants retournent avec hâte dans leurs écoles : il faut prévenir les collègues de l'issue de la garde à vue et préparer « la nuit des écoles » qui va se tenir comme prévu.

 

Ce sont des écoles anciennement zep et à présent « Ambition Réussite », du centre-ville ou de la périphérie nantaise, elles portent des noms qui évoquent la République et elles ont participé à cette « nuit des écoles ». Petit tour d'horizon, dans les faits, comment ça c'est passé ?


Partout les élus sont passés rappeler les consignes de sécurité voire assurer de leur soutien.

Dans ce quartier populaire classé « Ambition réussite », 4 écoles sur 5 se sont mobilisées : dans le premier groupe scolaire, un écran géant pour une projection conviviale, soirée dégustation de petits plats traditionnels, l'ambiance est chaleureuse. On devise des accras à la main. La soirée est tellement réussie qu'on se promet de renouveler !


Un peu plus loin dans le quartier, sur une aire de jeux pour enfants, on a installé à la hâte bancs et petites tables d'une autre l'école pour un pique-nique au grand air et à la fraîche. Les enfants descendent des tours, les parents trouvent l'occasion de discuter avec les enseignants « hors cadre institutionnel », entre beurre de sardines et jus de pamplemousse. Les enfants n'en reviennent pas de voir la maîtresse à 21h. dans le quartier, pour un peu on dirait presque qu'on fait la fête tous ensemble...


Oui mais l'école n'est pas vraiment à la fête... dans les échanges il est question des nouvelles mesures du Ministre Darcos, du besoin de postes supplémentaires, du risque de fermeture de cette école, des enseignants qui ne sont pas bien remplacés, la banderole interroge les enfants : à présent qu'ils savent lire, il faut bien répondre à leurs questions! « Pourquoi c'est écrit « Parents- Profs en colère »? » demande ici une petite fille, là c'est un papa qui tente de joindre le correspondant presse du quartier et qui demande des éclaircissements sur les programmes aux enseignantes...

 

Avec la tombée de la nuit on perd quelques degrés, on se replie dans l'école maternelle, c'est l'heure du dessert, des petits gâteaux et du thé à la menthe. Avant d'aller se coucher dans la dernière école du bout du quartier, on se prépare également à se mobiliser dès le lendemain après-midi pour la manif organisée toujours contre les lois Darcos, la réclamation de 200 postes d'enseignants, contre la criminalisation des mouvements sociaux et le soutien au collègue poursuivi.



En centre-ville le décor est posé depuis quelques jours déjà. Tout s'est accéléré et la détermination semble encore plus forte depuis l'occupation de l'Inspection académique qui a amené le directeur a faire constater une blessure à la main (il n'y a pas de blessés légers que chez les forces de l'ordre). Une banderole est déployée.


 

C'est le soir du conseil d'école et le jour dévolu à la chorale des parents, nul doute donc qu'il y aura du monde tout au long de la soirée. L'école est située au coeur de la ville. On allume la lumière dans toutes les pièces. Il faut montrer qu'on reste éveillé !


Dans une classe un campement de fortune : une tente abrite une famille avec de jeunes enfants, l'enseignante qui me fait visiter me confie qu'elle va se choisir une autre « chambre » pour passer la nuit afin d'éviter les réveils nocturnes des joyeux bambins. Elle propose aux participants un vrai pensum : sur des feuilles de cahier, chacun est invité à « faire des lignes » et à recopier « J'ai participé à la nuit des écoles ». Les enfants sont ravis : les tableaux sont pour eux, un jeu de chamboultout s'organise : 3 points pour dégommer les programmes!


A Rezé, ville voisine, dans une autre école encore, c'est une quarantaine de parents et d'enseignants qui se sont retrouvés vers 19h.30. Ils commencent par débattre des sujets qui les ont amené à participer à cette initiative. Beaucoup de parents travaillent également dans la fonction publique, en particulier les hôpitaux, tous partagent la même inquiétude et incertitude quant au sort qu'on leur réserve, et plus largement l'avenir de notre société « sans que ça devienne trop meeting politique » me rapporte le directeur. Ici aussi la garde à vue de l'enseignant d'Indre est évoquée, elle a profondément choqué les collègues et parents qui se sont déplacés sur les lieux dans la journée, mais plus largement tous les participants à la soirée.


 

 

A plusieurs reprises, dans la journée devant le commissariat, et dans les différentes écoles le soir le « mouvement des 500 postes » (hiver 200-2001) est rappelé : un mouvement fort où la mobilisation avait fini par payer... Les personnes qui s'investissent y font référence comme à un héritage...


Et pour la suite, afin de montrer qu'on a de la ressource et qu'on ne s'essouffle pas, rendez-vous est déjà pris pour le 28/06 pour une autre initiative qui se veut aussi nationale, un nouveau blog créé, les débats continueront, même si la cloche des vacances va sonner d'ici peu parce qu'on peut se poser la question de savoir si « L'école est finie? »...


Publié dans Revue de presse

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