L'Humanité le 16 juin

Publié le par Webmaster

Une nuit à l’école pour sauver un poste d’enseignante

Éducation . À Paris, l’école élémentaire Tourtille, dans le 20e arrondissement, était occupée dans la nuit de vendredi à samedi pour protester contre la politique éducative du gouvernement.

Vendredi, 20 heures, rue Tourtille, dans le 20e arrondissement, à Paris. Au numéro 38, en tendant l’oreille, on peut entendre les cris des enfants qui jouent encore dans la cour de l’école élémentaire. Pas étonnant : des parents et quelques enseignants participent à la Nuit des écoles et vont dormir dans l’établissement. Dès 18 heures, la soirée a commencé dans une ambiance festive. Le spectacle de fin d’année interprété par les élèves a rassemblé de nombreux parents, avec musique et chansons pour égayer l’ambiance. Deux heures plus tard, une douzaine de parents et quelques institutrices se regroupent sous le préau pour passer la nuit dans l’établissement.

les réformes sont discutées

Autour d’un buffet, on discute des réformes de

Xavier Darcos, fustigeant « l’alourdissement des programmes », le nouvel enseignement « réactionnaire » ou la « suppression des deux heures du samedi matin ». Mais pas seulement. Dans cette école de 220 enfants, dont beaucoup ont des difficultés scolaires, la suppression du poste d’enseignant de soutien à la lecture, envisagée par l’inspecteur d’académie pour la rentrée, est douloureusement perçue. « Elle fait un travail formidable depuis trois ans dans les classes où elle intervient, explique la directrice, Catherine Forestier (SUD). Son travail d’aide à la lecture et à l’écriture par petits groupes s’est révélé très efficace auprès des enfants. Supprimer ce poste est une aberration. » Un peu plus loin, les parents abondent.

Maryline Ferret, l’enseignante d’aide à la lecture dont il est question, ne comprend pas. Son travail est très apprécié de tous. Âgée de cinquante-trois ans, après une carrière d’enseignante, elle avait choisi ce poste surnuméraire par vocation. « J’avais choisi ce travail par conviction, se désole-t-elle. Je m’y suis investie et les résultats sont bons. Mon poste est supprimé mais on ne m’a pas dit pourquoi et je ne sais pas quelle va être mon affectation. » Les mesures de carte scolaire pour la prochaine rentrée à Paris doivent être annoncées aujourd’hui par l’inspection académique. Le sujet inquiète parents d’élèves et enseignants de l’école Tourtille.

plus de 680 écoles occupées

Dans la soirée, pendant que les enfants s’amusent, leurs parents reçoivent le soutien de Catherine Vieu-Charier, adjointe (PCF) au maire de Paris, et de Ian Brossat, président du groupe communiste au Conseil de Paris. Minuit, l’heure de dormir approche. Une fois les enfants raccompagnés à la maison, matelas, duvets et oreillers sont sortis pour une nuit pas comme les autres. Les parents quitteront l’école au petit matin, après avoir rangé et nettoyé les lieux. Aujourd’hui, ils se relaient pour continuer l’occupation administrative du bureau de la directrice. Heureux de savoir que cette première Nuit des écoles a été un succès dans le pays. Plus de 680 écoles étaient occupées.

(*) En Loire-Atlantique, 200 écoles, sur les 575 du département, ont participé à la Nuit. Samedi, à Nantes, entre 900 et 1 500 enseignants et parents d’élèves ont manifesté contre les réformes Darcos.

Jean-Michel De Marchi

Publié dans Revue de presse

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